03 mars, 2009

Sous le Signe de l'Abondance - Chapitre 3 - Le consommateur

La fin de toutes les activités économiques, c'est donc la satisfaction des besoins de l'homme. L'homme, lorsqu'il satisfait ses besoins, accomplit la fonction de consommateur.   

 L'homme qui a faim mange, il consomme des aliments. S'il a froid, il s'habille ou se chauffe; il consomme des vêtements ou du combustible.   Dans un ordre où la fin gouverne les moyens, c'est l'homme, à titre de consommateur, qui préside à toute l'économie. Et comme tout homme est consommateur, c'est tout homme qui participe à l'orientation de la production et de la distribution des biens.  

 C'est pour l'homme consommateur qu'existent toutes les activités économiques. Il faut donc que l'homme consommateur ordonne lui-même la production. C'est lui, le consommateur, qui doit passer ses commandes à la production.   Une économie véritablement humaine est sociale, avons-nous dit: elle doit satisfaire TOUS les hommes. Il faut donc que tous les hommes, TOUS et CHACUN, puissent passer leurs commandes à la production, au moins jusqu'à satisfaction de leurs besoins essentiels, tant que la production est en mesure de répondre à ces commandes.   

 Les besoins des consommateurs — qui peuvent les exprimer adéquatement, sinon les consommateurs eux-mêmes? Cet homme, cette femme, ici dans cet appartement, là-bas à la porte de leur maison, ailleurs dans la ville, dans la campagne, où qu'ils soient, quels qu'ils soient — qui peut prétendre connaître leurs besoins mieux qu'eux-mêmes?   C'est chaque consommateur qui connaît ses propres besoins. C'est donc de chaque consommateur que les capacités productives doivent recevoir les commandes. Dans un système réellement ordonné pour satisfaire les besoins des consommateurs, de tous les consommateurs, les consommateurs, tous les consommateurs, doivent avoir le moyen d'exprimer leurs besoins, de commander les biens qui répondent à ces besoins.   

 La production est injustifiable de prendre ses ordres ailleurs. C'est pourtant ce qui arrive lorsqu'une entreprise fait pression sur les consommateurs pour les pousser à se procurer des choses dont ils n'éprouvent nullement le besoin. La production prend alors ses ordres, non du consommateur, mais de la recherche des profits.   Avec des êtres sans raison, avec des animaux, avec des hommes qui ne possèdent pas l'usage de leurs facultés, qui n'ont pas le sens de leurs besoins, on admet l'intervention extérieure pour dicter à ces consommateurs ce qu'ils doivent obtenir. Pas avec des êtres raisonnables.   

 Donc, les consommateurs doivent pouvoir commander librement les biens utiles pour la satisfaction de leurs besoins normaux. Quelle que soit la nature du moyen adopté pour exprimer ces commandes, les commandes doivent pouvoir venir des consommateurs tant qu'il y a, d'une part, des besoins normaux non satisfaits, et, d'autre part, des biens pour satisfaire ces besoins.

 Par Louis Évan

Aucun commentaire:

Publier un commentaire